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LE CONTE D’HIVER.
moment. Jamais leurs métamorphoses — n’ont eu lieu pour une beauté plus rare, — ni dans un but aussi chaste, puisque mes désirs — ne s’égarent pas au-delà de l’honneur, et que ma passion — n’est pas plus ardemment brûlante que ma foi !
PERDITA.

Oh ! mais, seigneur, — votre résolution ne pourra plus tenir devant — l’obstacle inévitable que lui opposera la puissance du roi. — Alors la nécessité exigera de deux choses l’une : — ou que vous abandonniez votre projet, ou que j’abandonne la vie !

FLORIZEL.

Bien chère Perdita, — n’assombris pas, je t’en prie, par ces pensées erronées, — la gaieté de cette fête. Ou je serai à toi, ma belle, — ou je ne serai plus à mon père ; car je ne puis plus être — à moi, ni à personne, si — je ne suis pas à toi ; je suis bien résolu à cela, — quand la destinée dirait : Non !… Soyez gaie, ma mie ; — étranglez les pensées de ce genre avec la première chose — qui attirera votre regard. Voici vos hôtes qui arrivent. — Rassérénez ce visage, comme si c’était le jour — de ces noces que — nous avons tous deux juré de célébrer.

PERDITA.

Ô dame Fortune ! — soyez-nous propice !

Entrent le berger, puis Polixène et Camillo, déguisés ; puis le clown, Mopsa, Dorcas et autres.
FLORIZEL.

Voyez, vos hôtes approchent ; — apprêtez-vous à les accueillir joyeusement, — et qu’ils soient rouges de plaisir !

LE BERGER, à Perdita.

— Fi, ma fille ! Quand ma vieille femme vivait, — en