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LE CONTE D’HIVER.
ai tant vu figurer, — dans une pastorale de la Pentecôte : pour sûr, c’est la robe que je porte — qui agit sur mon humeur.
FLORIZEL.

Ce que vous faites — est toujours mieux que ce que vous avez fait. Quand vous parlez, ma charmante, — je voudrais vous entendre sans cesse ; quand vous chantez, — c’est en chantant que je voudrais vous voir acheter et vendre, faire l’aumône, — et prier ; je voudrais que, pour arranger vos affaires, — vous n’eussiez qu’à les chanter. Quand vous dansez, je vous voudrais — vague de la mer, afin que vous ne pussiez jamais faire — que cela, et que vous fussiez toujours en mouvement, en mouvement toujours, sans connaître — d’autre fonction. Votre façon d’agir, — si originale dans les moindres détails, — couronne si constamment ce que vous faites, — que toutes vos actions sont reines !

PERDITA.

Ô Doriclès, — vos louanges sont trop fortes : heureusement, votre jeunesse — et le sang pur qui la colore ingénument, — vous dénoncent comme un innocent berger ; — sans quoi, mon Doriclès, je pourrais craindre avec raison — que vous ne fussiez pas un amoureux sincère.

FLORIZEL.

Vous n’avez pas plus — sujet de craindre cela que je n’ai dessein — de vous faire douter de moi… Mais venez ! notre danse, je vous prie ! — Votre main, ma Perdita : ainsi s’appareillent les tourterelles, — qui veulent ne se séparer jamais.

PERDITA.

J’en fais pour elles le serment.

Florizel et Perdita marchent, bras dessus, bras dessous, en causant.