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SCÈNE XI.

POLIXÈNE.

Voilà un brave garçon.

LE CLOWN, au valet.

Crois-moi, tu parles-là d’un admirable gaillard. A-t-il des marchandises en étalage ?

LE VALET.

Il a des rubans de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ; des points plus minutieux que n’en pourrait trouver dans le droit tous les juges de Bohême, bien que, lui, il les prenne en gros ; des passements, des tricots, des batistes, des linons ! Il met tous ces articles en chansons, comme si c’étaient des dieux ou des déesses ; vous croiriez qu’une chemise est un ange, tant il chante haut le poignet de la manche et le travail de la bordure !

LE CLOWN.

Je t’en prie, introduis-le, et qu’il entre en chantant !

PERDITA.

Avertis-le de ne pas employer de mots grivois dans ses chansons !

LE CLOWN.

Vous avez de ces colporteurs qui ont en eux plus d’étoffe que vous ne pourriez le penser, ma sœur.

PERDITA.

Ou plutôt cher frère, que je ne m’y soucie d’y penser.

Entre Autolycus, chantant.
AUTOLYCUS.

Linon aussi blanc que la neige,
Crêpe aussi noir que le fut jamais corbeau,
Gants parfumés comme des roses de Damas,
Masques pour visage et pour nez,
Bracelets de jais, colliers d’ambre,
Parfums pour chambre de dame,
Coiffes et gorgerettes d’or,