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LE CONTE D’HIVER.
prochait — comme un défaut d’amour ou de générosité, vous seriez gêné — pour lui répondre, pour peu que vous teniez — à garder ses bonnes grâces.
FLORIZEL.

Digne vieillard, je sais — qu’elle n’attache aucun prix à de pareils colifichets ; — les présents qu’elle attend de moi sont entassés et enfermés — dans mon cœur, que je lui ai déjà donné, — mais pas encore livré.

À Perdita.

Oh ! laisse-moi exhaler ma vie — devant ce vieillard qui, semblerait-il, — a aimé dans son temps. Je prends ta main, cette main, — aussi douce que le duvet de la colombe, et aussi blanche qu’elle, — ou que la dent d’un Éthiopien ou que la neige la plus pure, — deux fois passée au crible des ouragans du Nord !

POLIXÈNE.

Que va-t-il se passer ?… — Comme ce jeune pâtre essuie gracieusement — cette main déjà si blanche !…

À Florizel.

Je vous ai interrompu ; — revenez donc à votre déclaration, que j’entende — votre profession de foi !

FLORIZEL.

Oui, et je vous prends à témoin !

POLIXÈNE, montrant Camillo.

— Et mon voisin aussi.

FLORIZEL.

Et lui aussi, et d’autres — encore, et tous les hommes, et la terre, et les cieux, et l’univers ! — Eussé-je au front la couronne du plus impérial monarque, — et l’eussé-je mérité, fussé-je le plus beau jeune homme — qui jamais ait ébloui les yeux, eussé-je plus de force et de science — que jamais nul n’en eut, tous ces biens ne seraient rien pour moi — sans son amour ; c’est pour elle que j’en ferais usage ; — c’est à elle que je les con-