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SCÈNE XI.

prince, et tu t’es aventurée — à échanger ta foi avec la sienne !… Perdu ! perdu ! — Si je pouvais mourir avant une heure, j’aurai vécu — pour mourir au moment souhaité !

Il sort.
FLORIZEL, à Perdita.

Pourquoi me regardez-vous ainsi ? — Je suis attristé, non effrayé ; contrarié, — mais nullement changé ; ce que j’étais, je le suis encore. — Plus on me retient, plus j’avance, et je ne me laisse pas mener — en laisse malgré moi.

CAMILLO.

Mon gracieux seigneur, — vous connaissez le caractère de votre père ; en ce moment, — il ne permettra aucune observation, et je ne présume pas — que vous entendiez lui en faire ; tout au plus, — je le crains, pourrait-il supporter votre vue. — Ainsi, jusqu’à ce que la fureur de son altesse soit calmée, — ne vous présentez pas devant le roi.

FLORIZEL.

Je n’en ai pas l’intention.

Dévisageant Camillo.

— Camillo, je crois !

CAMILLO.

Lui-même, monseigneur.

PERDITA, à Florizel.

— Combien de fois vous avais-je prévenu que cela finirait ainsi ! — Combien de fois avais-je dit que mes grandeurs ne dureraient — que jusqu’au jour où elles seraient connues ?

FLORIZEL.

Elles ne peuvent finir que par — la violation de ma foi ; et alors, — que la nature broie l’un contre l’autre les flancs de la terre — et en étouffe tous les germes !