Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/444

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
440
LE CONTE D’HIVER.

AUTOLYCUS, au berger.

— Et ce paquet-là ! qu’y a-t-il dans ce paquet-là ? — Pourquoi ce coffre ? —

LE BERGER.

Monsieur, il y a dans ce paquet et dans ce coffre des secrets qui ne doivent être connus que du roi, et qu’il va connaître avant une heure, si je puis parvenir à lui parler.

AUTOLYCUS.

Vieillesse, tu as perdu tes peines.

LE BERGER.

Pourquoi, monsieur ?

AUTOLYCUS.

Le roi n’est pas au palais ; il est allé à bord d’un vaisseau neuf pour purger sa mélancolie et prendre l’air ; car si tu es accessible aux choses sérieuses, tu dois savoir que le roi est plein de douleur.

LE BERGER.

C’est ce qu’on dit, monsieur, à propos de son fils qui voulait épouser la fille d’un berger.

AUTOLYCUS.

Si ce berger n’est pas sous la main de la justice, qu’il se sauve vite. Les supplices qu’il subira, les tortures qu’il endurera, briseraient l’échine d’un homme et le cœur d’un monstre.

LE CLOWN.

Croyez-vous, monsieur ?

AUTOLYCUS.

Ce n’est pas lui seul qui souffrira tout ce que l’imagination peut créer de douloureux et la vengeance, d’amer. Tous ceux qui lui sont parents, fût-ce au cinquantième degré, défileront sous la corde du bourreau ; c’est grand dommage, mais c’est nécessaire. Un vieux chenapan ! un rabatteur de brebis ! un éleveur de béliers ! vouloir que