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SCÈNE XII.
dans le lit de sa majesté — par quelque douce compagne ?
PAULINE.

Aucune n’en est digne, — après celle qui n’est plus. D’ailleurs les dieux — veulent que leurs mystérieux desseins s’accomplissent. — Le divin Apollon n’a-t-il pas déclaré, — n’est-ce pas là la teneur de son oracle, — que le roi Léonte n’aura pas d’héritier — avant que l’enfant perdu soit retrouvé ? Espérer qu’il le sera, — c’est pour notre raison humaine chose aussi monstrueuse — que de s’attendre à voir mon Antigone ouvrir sa tombe — et revenir auprès de moi, lui, qui, j’en suis sûre, — a péri avec l’enfant. Vous, vous êtes d’avis — que le roi fasse résistance aux cieux, — et s’oppose à leur volonté.

À Léonte.

Ne vous souciez pas de postérité ; — la couronne trouvera toujours un héritier. Le grand Alexandre — laissa la sienne au plus digne ; et par là son successeur — eut grande chance d’être le meilleur.

LÉONTE.

Bonne Pauline, — qui as pour la mémoire d’Hermione, — je le sais, tant de vénération, oh ! que ne me suis-je toujours — conformé à tes conseils ! En ce moment, — je contemplerais encore les yeux tout grands ouverts de ma reine, — je ravirais un trésor sur ses lèvres…

PAULINE.

En les laissant — plus précieuses, après tout ce que vous leur auriez pris !…

LÉONTE.

Tu dis vrai. — Il n’est plus de femmes pareilles ; donc, plus de mariage. — Moi, choisir une femme qui ne la vaudrait pas — et la traiter mieux qu’elle ! cela