Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
460
LE CONTE D’HIVER.

LE CLOWN.

Oui, certes ; autrement nous n’aurions pas de chance, dans une position aussi saugrenue que la nôtre.

AUTOLYCUS.

Je vous supplie humblement, monsieur, de me pardonner tous les torts que j’ai pu avoir envers votre révérence, et de faire de moi un bon rapport au prince, mon maître.

LE BERGER.

Je t’en prie, fais-le, mon fils ; soyons gentils à présent que nous sommes gentilshommes.

LE CLOWN, à Autolycus.

Tu réformeras ta vie ?

AUTOLYCUS.

Oui, si c’est le bon plaisir de votre révérence.

LE CLOWN.

Donne-moi ta main. Je vais jurer au prince que tu es un des bons garçons les plus honnêtes qu’il y ait en Bohême.

LE BERGER.

Vous pouvez dire ça, mais ne le jurez pas.

LE CLOWN.

Ne pas le jurer, à présent que je suis gentilhomme ! Que les rustres et les bourgeois le disent ; moi, je le jurerai.

LE BERGER.

Mais si c’est faux, mon fils ?

LE CLOWN.

Quand ce serait la chose la plus fausse, un vrai gentilhomme peut la jurer dans l’intérêt de son ami.

À Autolycus.

Je vais jurer au prince que tu es un fort gaillard de tes bras et que jamais tu ne te soûleras. Je sais bien que tu n’es pas un fort gaillard de tes bras, et que tu te soûleras ;