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SCÈNE I.
soit ce qu’elle est ! Si elle est belle, tant mieux pour elle ; si elle ne l’est pas, elle a des correctifs sous la main.
TROYLUS.

Bon Pandarus ! voyons, Pandarus !

PANDARUS.

J’ai eu assez de peine pour mes courses ! Mal jugé par elle, mal jugé par vous, je suis peu récompensé de mon intervention.

TROYLUS.

Quoi ! tu te fâches, Pandarus ! quoi, contre moi ?

PANDARUS.

Parce qu’elle est ma parente, elle ne peut pas être aussi jolie qu’Hélène ! si elle n’était pas ma parente, on avouerait qu’elle est aussi jolie le vendredi qu’Hélène le dimanche. Mais qu’est-ce que ça me fait ? Qu’elle soit une moricaude, cela m’est bien égal.

TROYLUS.

Est-ce que je dis qu’elle n’est pas jolie ?

PANDARUS.

Je me soucie bien que vous le disiez ou non ! C’est une folle de rester ici loin de son père ! Qu’elle aille trouver les Grecs ! je le lui dirai la prochaine fois que je la verrai ! Pour ma part, je ne veux plus me mêler ni m’occuper de cette affaire-là !

TROYLUS.

Pandarus !

PANDARUS.

Non, jamais !

TROYLUS.

Mon doux Pandarus !

PANDARUS.

Je vous en prie, ne m’en parlez plus. Je laisse tout comme je l’ai trouvé. C’est fini.

Pandarus s’éloigne.