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SCÈNE II.
qu’il n’a pas plus de trois ou quatre poils au menton…
CRESSIDA.

En effet, sous ce rapport, l’arithmétique d’un garçon de taverne aura vite fait le total de ses unités.

PANDARUS.

Il est si jeune, et pourtant, à trois livres près, il vous enlèvera autant que son frère Hector.

CRESSIDA.

Est-ce possible ? un homme si jeune, ravisseur si consommé !

PANDARUS.

Mais, pour vous prouver qu’Hélène aime Troylus, elle est donc allée à lui et a passé sa blanche main sous la fente de son menton.

CRESSIDA.

Bonté de Junon ! comment a-t-il eu cette fente au menton ?

PANDARUS.

Eh bien, vous savez, il a là une fossette. Je ne pense pas qu’un seul homme, dans toute la Phrygie, ait un sourire aussi gracieux.

CRESSIDA.

Oh ! il a un sourire vaillant !

PANDARUS.

N’est-ce pas ?

CRESSIDA.

Oh ! oui, comme un nuage d’automne.

PANDARUS.

Oui, allez !… Mais pour preuve qu’Hélène aime Troylus…

CRESSIDA.

Quant aux preuves, Troylus ne demanderait, je crois, qu’à faire les siennes.