— Grand Agamemnon, nous avons à Troie, — un prince appelé Hector, un fils de Priam, — qui se rouille dans l’inaction de cette trêve prolongée ; il m’a dit de prendre une trompette, — et de vous parler ainsi : Rois ! princes ! seigneurs ! — s’il en est un, parmi les plus nobles de la Grèce, — qui mette son honneur plus haut que son repos, — qui recherche la louange plus qu’il ne craint le péril, — qui connaisse sa vaillance, et qui ne connaisse pas sa frayeur, — qui aime sa maîtresse autrement qu’en confidence — et par des serments aventurés sur ses lèvres chères, — et qui ose proclamer sa beauté et son mérite — à un autre rendez-vous que le sien, à lui ce défi ! — En présence des Troyens et des Grecs, Hector — prouvera ou fera de son mieux pour prouver — qu’il a une dame plus sage, plus belle, plus fidèle — que jamais Grec n’en pressa dans ses bras. — Demain, au son de la trompette, il s’avancera — jusqu’à mi chemin entre vos tentes et les murs de Troie — pour provoquer tout Grec sincère en amour. — Si quelqu’un se présente, Hector l’honorera ; — sinon, il retournera dire à Troie — que toutes les femmes grecques sont brûlées du soleil et ne méritent pas un éclat de lance. J’ai dit (7).
— Ceci sera répété à nos amants, messire Énée ; — si nul d’entre eux n’en est ému dans l’âme, — c’est que nos gens de cœur seront restés en Grèce. Mais nous sommes des combattants ; — et qu’il soit déclaré poltron le soldat — qui ne prétend pas être, n’a pas été ou n’est pas amoureux ! — Si donc il s’en trouve un qui le soit,