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SCÈNE IV.
échapperait aux coups d’Hector. Si, au contraire, il en était atteint, — nous verrions notre renom national écrasé — dans l’humiliation de notre meilleur homme. Non, faisons plutôt une loterie, — et trouvons moyen que le sort désigne cette brute d’Ajax (8) — pour lutter avec Hector. Affectons entre nous — de traiter Ajax comme le plus vaillant de tous, — cela contribuera à guérir le grand Myrmidon — du délire où l’ont mis les applaudissements, et à abattre — ce cimier qu’il déploie plus fièrement qu’Iris son arc bleu. — Si cet écervelé d’Ajax s’en tire avec honneur, — nous le couvrirons d’éloges. S’il échoue, — on pourra toujours dire en notre faveur — que nous avons meilleur que lui. Mais, qu’il soit battu ou non, — notre projet réalisé a toujours cet effet essentiel — que le choix d’Ajax arrache à Achille sa plus fière aigrette.
NESTOR.

— À présent, Ulysse, je commence à trouver bon ton avis ; — et je vais de ce pas le faire goûter à Agamemnon. Allons-y sur-le-champ. — Les deux dogues doivent être domptés l’un par l’autre. L’orgueil — est le seul os que puissent se disputer ces mâtins-là. —

Ils sortent.

SCÈNE IV.
[Dans le camp grec. La tente d’Ajax.]
Entre Ajax et Thersite.
AJAX.

Thersite !

THERSITE, se parlant à lui-même.

Si Agamemnon avait des clous ?… S’il en avait en général de gros, et par tout le corps ?