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CYMBELINE.

SCÈNE IX.
[Sous les fenêtres de l’appartement d’Imogène.]
Entrent Cloten et des Seigneurs.
PREMIER SEIGNEUR.

Votre seigneurie est, dans la perte, le joueur le plus patient, le plus froid qui ait jamais retourné un as.

CLOTEN.

Il n’y a pas d’homme que la perte ne trouve froid.

PREMIER SEIGNEUR.

Mais il y en a peu qu’elle trouve aussi noblement patients que votre seigneurie. Ce n’est que quand vous gagnez que vous êtes tout flamme et tout ardeur.

CLOTEN.

Le gain donne du courage à tout le monde. Si je pouvais obtenir cette niaise d’Imogène, je serais assez riche. Le matin est proche, n’est-ce pas ?

PREMIER SEIGNEUR.

Il fait jour, monseigneur.

CLOTEN.

Je voudrais que cet orchestre fût ici. On m’a conseillé de lui donner de la musique tous les matins. On dit qu’elle en sera pénétrée.

Entrent des Musiciens.
CLOTEN.

Allons ! accordez vos instruments. Si vous pouvez l’émouvoir avec vos doigts, tant mieux ; nous jouerons de la langue aussi. Si rien n’y fait, qu’elle reste ce qu’elle est ; mais moi, jamais je ne céderai. Commencez par