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SCÈNE IX.
quelque chef-d’œuvre : vous nous donnerez ensuite une merveilleuse mélodie faite sur des paroles exquises et admirables, et alors nous la laisserons réfléchir.
CHANSON.

Écoute ! écoute ! l’alouette chante à la porte du ciel,
Et Phébus se lève déjà
Pour baigner ses coursiers aux sources
Que recèle le calice, des fleurs ;
Et les soucis clignotants commencent
À ouvrir leurs yeux d’or.
Avec tout ce qui est charmant,
Ma douce dame, lève-toi,
Lève-toi, lève-toi.

CLOTEN, aux musiciens.

Maintenant, décampez. Si ça lui fait de l’impression, je n’en estimerai que plus votre musique : si ça ne lui en fait pas, c’est qu’elle a dans les oreilles un vice auquel ni crins de cheval, ni boyaux de veau, ni voix même d’eunuque, ne peuvent remédier.

Les musiciens sortent.
Entrent Cymbeline et la Reine.
DEUXIÈME SEIGNEUR.

Voici le roi !

CLOTEN.

Je suis bien aise d’être debout si tard, c’est ce qui fait que je suis debout de si bonne heure. Le roi ne peut qu’approuver paternellement tant de zèle… Salut à votre majesté et à ma gracieuse mère.

CYMBELINE.

Attendez-vous ici à la porte de notre fille ? L’entêtée ne veut donc pas paraître ?

CLOTEN.

Je l’ai assaillie de musiques, mais elle ne daigne pas y faire attention.