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SCÈNE XI.

IACHIMO.

De tout mon cœur.

Ils sortent.

SCÈNE XI.
[À Rome. Un lieu solitaire.]
Entre Posthumus.
POSTHUMUS.

— Les hommes ne peuvent donc pas être créés sans que la femme — y soit de moitié ? Nous sommes tous bâtards ; — et l’homme si vénérable — que j’appelais mon père était je ne sais où — quand j’ai été fabriqué. C’est quelque faussaire qui — m’a frappé à son coin. Et pourtant ma mère passait — pour la Diane de son temps, comme aujourd’hui ma femme — pour la merveille du sien… Ô vengeance ! vengeance ! — Que de fois elle a contenu mes légitimes désirs, — et imploré de moi l’abstinence, et cela avec — une pudeur si rose qu’à sa vue seule — le vieux Saturne se serait échauffé ! Et moi je la croyais — aussi chaste que la neige restée à l’ombre !… Oh ! de par tous les diables ! — et voilà ce jeune Iachimo qui, en une heure, n’est-ce pas ? — moins que cela, dès les premières minutes… Peut-être n’a-t-il pas dit un mot ; peut-être, — comme un sanglier bourré de glands, un sanglier germanique, — n’a-t-il eu qu’à crier : Oh ! et qu’à couvrir ; peut-être n’a-t-il pas trouvé d’autre opposition — que celle qu’il attendait, et elle aussi, — d’une mêlée corps à corps !… Si je pouvais découvrir en moi — ce qui me vient de la femme ! car il n’y a pas dans l’homme — de tendance vicieuse qui, je l’affirme, — ne lui vienne de la femme : est-ce le mensonge ? eh bien, —