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INTRODUCTION.

Le rois a dit : « Noumés les dont. »
— « Par ma foi, sire, dit li tréchière,
De sour sa destre mamelette
À une belle violette… »

À cette révélation inattendue, Euriante pousse un cri de douloureuse surprise.

« Ha ! fait-elle, sainte Marie,
Comment et par quelle ochoison
Le sait-il ? »

L’infortunée reconnaît qu’en effet, comme l’a dit Lisiard, elle a une violette sous la mamelle droite. Gérard n’en veut pas entendre davantage ; il confesse qu’il a perdu la gageure, et en conséquence le roi adjuge à Lisiart la comté de Nevers. Consternation générale. Les parents de Gérard l’entourent et le somment, au nom de l’honneur de la famille, de châtier la déloyale. « Laissez-moi faire, murmure Gérard, je ferai d’elle telle justice qui estera à ma devise. » Et, sinistre comme Posthumus méditant le meurtre d’Imogène, il ordonne à Euriante de monter à cheval et de l’accompagner. La pauvre femme obéit, et, après avoir longtemps erré en silence, tous deux arrivent dans une forêt déserte. Là, le comte tire son épée et dit à Euriante de se préparer à la mort :

Voici vostre martyre !
Honnis sui par votre folie !

Fort à propos, au moment où cette affreux assassinat allait être commis, survient un charitable serpent « qui avait bien près d’un arpent » et qui s’avance sur le comte en jetant feu et flamme. Euriante l’aperçoit, et, ne songeant qu’au péril que court son cher meurtrier : « Sire ! merci ! s’écrie-t-elle. Pour Dieu, fuyez-vous-en d’ici, car je vois venir un diable. » Gérard était trop bon chevalier