Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
CYMBELINE.
quelque escorte est proche, je vous en prie, allez, — et laissez-moi seul avec lui.
Bélarius et Arviragus s’éloignent.
CLOTEN.

Doucement ! qui êtes-vous, — vous qui fuyez ainsi ? quelques brigands des montagnes ? — J’en ai entendu parler…

À Guidérius.

Quel gueux es-tu ?

GUIDÉRIUS.

Je n’ai jamais — fait gueuserie si grande que de répondre — au mot gueux sans frapper.

CLOTEN.

Tu es un voleur, — un effracteur de loi, un scélérat. Rends-toi, bandit !

GUIDÉRIUS.

— À qui ? à toi ? Qui es-tu ? N’ai-je pas — le bras aussi fort que toi ? le cœur aussi fort ? — Tu as le verbe plus fort, j’en conviens ; mais je ne porte pas — mon poignard dans ma bouche, Parle, qui es-tu donc, pour que je me rende à toi ?

CLOTEN.

Misérable drôle, — est-ce que tu ne me connais pas par mes vêtements ?

GUIDÉRIUS.

Non, coquin, pas plus que le tailleur — qui fut ton grand-père en faisant ces vêtements ; — lesquels, à ce qu’il paraît, te font ce que tu es.

CLOTEN.

Précieux maraud, — ce n’est pas mon tailleur qui les a faits.

GUIDÉRIUS.

Décampe donc, et va remercier — l’homme qui te les a donnés. Tu es un triste hère ; — je répugne à te battre.