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SCÈNE XXIV.
ici, — au milieu de la noblesse italienne, pour combattre, — contre le trône de mon Imogène. C’est assez, — Bretagne, que j’aie tué ta souveraine. Sois calme ! — je ne te porterai pas d’autre coup. Donc, cieux propices, — écoutez patiemment ma résolution : je vais me débarrasser — de ces vêtements italiens, et m’habiller — en paysan breton. Ainsi, je veux combattre — contre le parti avec qui je suis venu ; ainsi, je veux mourir — pour toi, ô Imogène, pour toi qui fais de ma vie — une mort de chaque soupir ; ainsi, inconnu, — n’excitant ni pitié ni haine, je veux me précipiter — à la face du péril. Je veux que les hommes reconnaissent — en moi plus de valeur que n’en annoncent mes habits. — Dieux, mettez en moi la force des Léonati ! — Pour la honte des modes de ce monde, je veux — mettre la distinction dans l’homme et non hors de lui.
Il sort.

SCÈNE XXIV.
[Le champ de bataille.]
D’un côté, passent Lucius, Iachimo et l’armée romaine ; de l’autre, l’armée bretonne, suivie de Posthumus, vêtu comme un pauvre soldat. Les armées se retirent après avoir traversé la scène. Alors une escarmouche s’engage. Iachimo et Posthumus reviennent en combattant. Posthumus est vainqueur ; il désarme Iachimo et le laisse.
IACHIMO.

— Le crime qui pèse sur mon cœur — m’ôte l’énergie. J’ai calomnié une femme, — la princesse de cette contrée, et l’air qui y souffle — m’affaiblit par représailles. Autrement ce maraud, — véritable cuistre de la nature, aurait-il pu me maîtriser — dans mon propre métier ?