Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/245

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SCÈNE I.
[Venise. — Une place sur laquelle est située la maison de Brabantio. Il fait nuit.]
Arrivent Roderigo et Iago.
RODERIGO.

— Fi ! Ne m’en parle pas. Je suis fort contrarié — que toi, Iago, qui as usé de ma bourse, — comme si les cordons t’appartenaient, tu aies eu connaissance de cela.

IAGO.

— Tudieu ! (17) Mais vous ne voulez pas m’entendre. — Si jamais j’ai songé à pareille chose, — exécrez-moi.

RODERIGO.

Tu m’as dit que tu le haïssais.

IAGO.

— Méprisez-moi, si ce n’est pas vrai. Trois grands de la Cité — vont en personne, pour qu’il me fasse son lieutenant, le solliciter, — chapeau bas, et, foi d’homme, je sais mon prix, je ne mérite pas un grade moindre. — Mais lui, entiché de son orgueil et de ses idées, — répond évasivement, et, dans un jargon — ridicule, bourré de termes de guerre, — il éconduit mes protecteurs. En vérité, dit-il, — j’ai déjà choisi mon officier. — Et quel est cet officier ? — Morbleu ! C’est un grand calculateur,