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OTHELLO.

SCÈNE IV
[Chypre. Près de la plage.]
Arrivent Montano et deux gentilshommes.
MONTANO.

— Que pouvons-nous distinguer en mer du haut du cap ?

PREMIER GENTILHOMME.

— Rien du tout, tant les vagues sont élevées ! — Entre le ciel et la pleine mer, je ne puis — découvrir une voile.

MONTANO.

Il me semble que le vent a parlé bien haut à la terre ; — jamais plus rudes rafales n’ont ébranlé nos créneaux. — S’il a fait autant de vacarme sur mer, — quelles sont les côtes de chêne qui, sous ces montagnes en fusion, — auront pu garder la mortaise ? Qu’allons-nous apprendre à la suite de ceci ?

DEUXIÈME GENTILHOMME.

— La dispersion de la flotte turque. — Pour peu qu’on se tienne sur la plage écumante, — les flots irrités semblent lapider les nuages ; — la lame, secouant au vent sa haute et monstrueuse crinière, — semble lancer l’eau sur l’Ourse flamboyante — et inonder les satellites du pôle immuable. — Je n’ai jamais vu pareille agitation — sur la vague enragée.

MONTANO.

Si la flotte turque — n’était pas réfugiée dans quelque baie, elle a sombré. — Il lui est impossible d’y tenir.

Arrive un troisième gentilhomme.
TROISIÈME GENTILHOMME.

— Des nouvelles, mes enfants ! Nos guerres sont finies !