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SCÈNE IV.

— et qui, dans l’étoffe essentielle de sa nature, — porte toutes les perfections (26)… Eh bien ! Qui vient d’atterrir ?

Le deuxième gentilhomme rentre.
DEUXIÈME GENTILHOMME.

— C’est un certain Iago, enseigne du général.

CASSIO.

— Il a eu la plus favorable et la plus heureuse traversée. — Les tempêtes elles-mêmes, les hautes lames, les vents hurleurs, — les rocs hérissés, les bancs de sable, — ces traîtres embusqués pour arrêter la quille inoffensive, — ont, comme s’ils avaient le sentiment de la beauté, oublié — leurs instincts destructeurs et laissé passer saine et sauve — la divine Desdémona.

MONTANO.

Quelle est cette femme ?

CASSIO.

— C’est celle dont je parlais, le capitaine de notre grand capitaine ! — Celle qui, confiée aux soins du hardi Iago, — vient, en mettant pied à terre, de devancer notre pensée — par une traversée de sept jours… Grand Jupiter ! Protège Othello, — et enfle sa voile de ton souffle puissant. — Puisse-t-il vite réjouir cette baie de son beau navire, — revenir tout palpitant d’amour dans les bras de Desdémona (27), — et, rallumant la flamme dans nos esprits éteints, — rassurer Chypre tout entière (28) !… Oh ! regardez !

Entrent Desdémona, Émilia, Iago, Roderigo et leur suite.

— Le trésor du navire est arrivé au rivage ! — Vous, hommes de Chypre, à genoux devant elle ! — Salut à toi, notre dame ! Que la grâce du ciel — soit devant et derrière toi et à tes côtés, — et rayonne autour de toi !