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SCÈNE IV.
aussi loin — que l’enfer l’est du ciel ! Si le moment était venu de mourir, — ce serait maintenant le bonheur suprême ; car j’ai peur, — tant le contentement de mon âme est absolu, — qu’il n’y ait pas un ravissement pareil à celui-ci — dans l’avenir inconnu de ma destinée !
DESDÉMONA.

Fasse le ciel — au contraire que nos amours et nos joies augmentent avec — nos années !

OTHELLO.

Dites amen à cela, adorables puissances ! — Je ne puis pas expliquer ce ravissement. — Il m’étouffe… C’est trop de joie. — Tiens ! Tiens encore !

Il l’embrasse.

Que ce soient là les plus grands désaccords — que fassent nos cœurs !

IAGO, à part.

Oh ! vous êtes en harmonie à présent ! — Mais je broierai les clefs qui règlent ce concert, — foi d’honnête homme !

OTHELLO.

Allons ! au château !… — Vous savez la nouvelle, amis ; nos guerres sont terminées, les Turcs sont noyés.

Aux gens de Chypre.

— Comment vont nos vieilles connaissances de cette île ?

À Desdémona.

— Rayon de miel, on va bien vous désirer à Chypre ! — J’ai rencontré ici une grande sympathie. Ô ma charmante, — je bavarde sans ruse, et je raffole — de mon bonheur… Je t’en prie, bon Iago, — va dans la baie, et fais débarquer mes coffres ! — Ensuite amène le patron à la citadelle ; — c’est un brave, et son mérite — réclame maints égards… Allons, Desdémona !… —