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SCÈNE X.
en vous disant : Il demeure ici ou il demeure là, est-ce que je ne vous mettrais pas dedans ?
DESDÉMONA.

Pourriez-vous vous enquérir de lui, et obtenir des renseignements sur son compte ?

LE CLOWN.

Je vais, à son sujet, interroger tout le monde… comme au catéchisme : mes questions dicteront les réponses.

DESDÉMONA.

Trouvez-le, et dites-lui de venir ici ; annoncez-lui que j’ai touché monseigneur en sa faveur et que j’espère que tout ira bien.

LE CLOWN.

Ce que vous me demandez est dans les limites d’une intelligence humaine ; je vais en conséquence essayer de le faire.

Il sort.
DESDÉMONA.

Où puis-je avoir perdu ce mouchoir, Émilia ?

ÉMILIA.

— Je ne sais pas, madame.

DESDÉMONA.

— Crois-moi, j’aimerais mieux avoir perdu ma bourse — pleine de cruzades (40). Heureusement que le noble More — est une âme droite et qu’il n’a rien de cette bassesse — dont sont faites les créatures jalouses ! Sinon, c’en serait assez pour lui donner de vilaines idées.

ÉMILIA.

Est-ce qu’il n’est pas jaloux ?

DESDÉMONA.

— Qui ? lui ? Je crois que le soleil sous lequel il est né — a extrait de lui toutes ces humeurs-là.

ÉMILIA.

Tenez, le voici qui vient.