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SCÈNE XI.

IAGO.

— Travaille, — ma médecine, travaille ! C’est ainsi qu’on attrape les niais crédules, — et c’est encore ainsi que plus d’une dame digne et chaste, — malgré toute son innocence, est exposée au reproche…

Entre Cassio.

Holà ! monseigneur ! — monseigneur ! Othello !… Ah ! c’est vous, Cassio ?

CASSIO.

— Qu’y a-t-il ?

IAGO.

— Monseigneur est tombé en épilepsie : — c’est sa seconde attaque ; il en a eu une hier.

CASSIO.

— Frottez-lui les tempes.

IAGO.

Non, laissez-le. — La léthargie doit avoir son cours tranquille ; — sinon, l’écume lui viendrait à la bouche, et tout à l’heure — il éclaterait en folie furieuse… Tenez, il remue. — Éloignez-vous un moment ; — il va revenir à lui : quand il sera parti, — je voudrais causer avec vous d’une importante affaire.

Sort Cassio.

— Comment cela va-t-il, général ? Est-ce que vous ne vous êtes pas blessé à la tête ?

OTHELLO.

— Te moques-tu de moi ?

IAGO.

Me moquer de vous ! Non, par le ciel ! — Je voudrais seulement vous voir subir votre sort comme un homme.

OTHELLO.

Un homme qui porte cornes, n’est qu’un monstre et une bête.