Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
389
SCÈNE XVI.

TOUS.

— À Dieu ne plaise !

ÉMILIA.

— Et ce sont vos rapports qui ont provoqué l’assassinat !

OTHELLO.

— Çà ! ne vous ébahissez pas, mes maîtres : c’est la vérité.

GRATIANO.

— C’est une étrange vérité.

MONTANO.

— Ô monstrueuse action !

ÉMILIA.

Trahison ! trahison ! trahison !… — J’y songe, j’y songe… Je devine ! Oh ! trahison ! trahison !… — Je l’ai pensé alors !… Je me tuerai de douleur… — Oh ! trahison !

IAGO.

Allons, êtes-vous folle ? Rentrez à la maison, je vous l’ordonne.

ÉMILIA.

— Mes bons messieurs, ne me laissez pas interdire la parole ! — Il est juste que je lui obéisse, mais pas à présent ! — Il se peut, Iago, que je ne retourne jamais à la maison.

OTHELLO, se jettant sur le corps de Desdémona.

— Oh ! oh ! oh !

ÉMILIA.

Oui, jette-toi là et rugis ! — Car tu as tué la plus adorable innocente — qui ait jamais levé les yeux au ciel.

OTHELLO.

Oh ! elle était impure !

Se relevant.

— Je ne vous reconnaissais pas, mon oncle : votre nièce est ici gisante : — ces mains viennent en effet de