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SCÈNE I.

POSTHUMUS.

Que les dieux vous protègent — et bénissent les gens de bien qui restent à la cour ! — Je pars.

Il sort.
IMOGÈNE.

La mort n’a pas d’angoisse — plus poignante que celle-ci.

CYMBELINE.

Ô créature déloyale, — toi qui devrais me rajeunir, tu amoncelles — un siècle sur ma tête !

IMOGÈNE.

Je vous en supplie, seigneur, — ne vous blessez pas vous-même par votre agitation ; moi, — je suis insensible à votre colère : une émotion plus haute — supprime ici toute douleur, toute crainte.

CYMBELINE.

Et toute grâce aussi ? et toute obéissance ?

IMOGÈNE.

— Oui, toute grâce, puisque j’ai perdu tout espoir.

CYMBELINE.

— Toi qui aurais pu épouser le fils unique de la reine.

IMOGÈNE.

— Trop heureuse de ne pas l’avoir fait ! J’ai choisi l’aigle, — et esquivé l’épervier.

CYMBELINE.

— Tu as pris un mendiant, et voulu faire de mon trône — un siége d’ignominie.

IMOGÈNE.

Non ; dites que j’y ai ajouté — du lustre.

CYMBELINE.

Infâme !

IMOGÈNE.

Seigneur, — c’est votre faute si j’ai aimé Posthumus, — vous avez fait de lui le compagnon de mes jeux ; c’est