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SCÈNE XXXV.

ANTOINE.

— Approche donc ; car je ne puis être guéri que par une blessure. — Tire cette honnête épée que tu as portée — si utilement pour ton pays.

ÉROS.

Oh ! grâce, seigneur !

ANTOINE.

— Quand je t’ai affranchi, n’as-tu pas juré — de faire cela dès que je t’en requerrais ? Fais-le donc vite ; — ou tous tes services passés ne sont plus pour moi — que des hasards involontaires. Tire ton épée et approche.

ÉROS.

— Détourne de moi ce noble visage — où respire la majesté de tout un monde.

ANTOINE, détournant la tête.

Allons !

ÉROS.

— Mon épée est tirée.

ANTOINE.

Qu’elle fasse donc vite — la chose pour laquelle tu l’as tirée.

ÉROS.

Mon maître chéri, — mon capitaine et mon empereur ! laissez-moi, — avant de frapper ce coup sanglant, laissez-moi vous dire adieu.

ANTOINE.

C’est dit, l’ami : adieu.

ÉROS.

— Adieu, grand chef. Frapperai-je maintenant ?

ANTOINE.

Maintenant, Éros !

ÉROS.

— Eh bien donc, voilà !

Il se jette sur son épée.