Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.
main — je suis vaincu vaillamment… Maintenant, mon esprit s’en va : — je n’en puis plus…
Il expire.
CLÉOPÂTRE.

Veux-tu donc mourir, ô le plus noble des hommes ? — As-tu pas souci de moi ? Resterai-je donc — dans ce triste monde qui, en ton absence, n’est plus — que fumier ? … Oh ! voyez, mes femmes, — le couronnement du monde s’écroule… Monseigneur ! — Oh ! flétri est le laurier de la guerre, — l’étendard du soldat est abattu : les petits garçons et les petites filles — sont désormais à la hauteur des hommes ; plus de supériorité ! — Il n’est rien resté de remarquable — sous l’empire de la lune.

Elle s’évanouit.
CHARMION.

Oh ! du calme, madame !

IRAS.

— Elle est morte aussi, notre souveraine.

CHARMION.

Maîtresse !

IRAS.

Madame !

CHARMION.

— Ô madame, madame, madame !

IRAS.

Royale Égypte ! — Impératrice !

CHARMION.

Silence, silence, Iras !

CLÉOPÂTRE, revenant à elle.

— Je ne suis plus qu’une femme soumise — aux mêmes passions misérables que la laitière — qui fait la plus humble besogne… Je devrais jeter mon sceptre à la face des dieux injurieux — en leur disant que ce monde