Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
SCÈNE XXXVII.
châtient, si ce n’est pas là une nouvelle — à inonder les yeux des rois !
AGRIPPA.

Chose étrange — que la nature nous force à déplorer — nos succès les mieux prémédités !

MÉCÈNE.

Les opprobres et les mérites — se balançaient en lui.

AGRIPPA.

Jamais plus rare esprit — ne pilota l’humanité ; mais vous, dieux, vous nous donnez toujours — quelques faiblesses pour nous faire hommes. César est ému.

MÉCÈNE.

— Quand un miroir si spacieux est placé devant lui, — il faut bien qu’il s’y voie.

CÉSAR.

Ô Antoine ! — c’est moi qui t’ai réduit à ceci… Mais il est des maladies — qui exigent le coup de lancette. Il fallait forcément — ou que je t’offrisse le spectacle d’une pareille chute — ou que j’assistasse à la tienne : nous ne pouvions pas tenir ensemble — dans l’univers. Pourtant laisse-moi te pleurer — avec ces larmes suprêmes qui saignent du cœur ! — Ô toi, mon frère, mon associé — au but de toute entreprise, mon collègue dans l’empire, — mon ami, mon compagnon à la face des guerres, — bras droit de mon corps, cœur — où le mien allumait ses pensées, pourquoi faut-il que nos étoiles — irréconciliables aient rompu, — ainsi notre égalité !… Écoutez-moi, mes bons amis… (30)

Entre un messager.
CÉSAR.

— Mais je vous dirai cela dans un meilleur moment ; —