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SCÈNE XXXVIII.

GALLUS, aux soldats restés, en dehors.

— Vous voyez combien il était aisé de la surprendre ! — Gardez-la jusqu’à ce que César vienne.

Il s’éloigne.
IRAS, apercevant Proculéius.

— Ô reine !

CHARMION.

Ô Cléopâtre ! tu es prise, ma reine !

CLÉOPÂTRE, tirant une dague.

— Vite, vite, mes bonnes mains !

PROCULÉIUS, lui retenant le bras.

Arrêtez, noble dame, arrêtez. — N’attentez pas ainsi à vous-même ; je viens — vous sauver et non vous perdre !

Tandis que Proculéius désarme Cléopâtre, les deux soldats qui l’ont suivi ouvrent la grille du monument et s’y placent en faction avec le reste des gardes qui entrent en foule.
CLÉOPÂTRE, à Proculéius.

Vous ne me sauvez que de la mort, — qui délivre jusqu’aux chiens de la douleur !

PROCULÉIUS.

Cléopâtre, — ne trompez pas la générosité de mon maître, — en vous détruisant vous-même ; que le monde voie — se manifester sa noblesse d’âme, sans que votre mort — y mette obstacle !

CLÉOPÂTRE.

Où es-tu, mort ? — Viens ici, viens, viens, viens, et prends-moi : une reine — vaut bien un tas d’enfants et de misérables !

PROCULÉIUS.

Oh ! du calme, madame !

CLÉOPÂTRE.

— Monsieur, je ne veux plus manger ; je ne veux plus boire, monsieur ; — et, puisqu’il faut perdre le temps en