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SCÈNE IV.

MERCUTIO.

— Vous êtes amoureux (55) ; empruntez à Cupidon ses ailes, — et vous dépasserez dans votre vol notre vulgaire essor.

ROMÉO.

— Ses flèches m’ont trop cruellement blessé — pour que je puisse m’élancer sur ses ailes légères ; enchaîné comme je le suis, — je ne saurais m’élever au-dessus d’une immuable douleur ; je succombe sous l’amour qui m’écrase.

MERCUTIO.

— Prenez le dessus et vous l’écraserez : — le délicat enfant sera bien vite accablé par vous.

ROMÉO.

— L’amour, un délicat enfant ! Il est brutal, — rude, violent ; il écorche comme l’épine.

MERCUTIO.

— Si l’amour est brutal avec vous, soyez brutal avec lui ; — écorchez l’amour qui vous écorche, et vous le dompterez.

Aux valets.

— Donnez-moi un étui à mettre mon visage !

Se masquant.

— Un masque sur un masque ! Peu m’importe à présent — qu’un regard curieux cherche à découvrir mes laideurs ! — Voilà d’épais sourcils qui rougiront pour moi !

BENVOLIO.

— Allons, frappons et entrons ; aussitôt dedans, — que chacun ait recours à ses jambes (56) !

ROMÉO.

— À moi une torche ! Que les galants au cœur léger — agacent du pied la natte insensible. — Pour moi, je m’accommode d’une phrase de grand-père : — je tien-