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SCÈNE VIII.
que quelque grave perturbation t’a mis sur pied. — Si cela n’est pas, je devine que — notre Roméo ne s’est pas couché cette nuit.
ROMÉO.

— Cette dernière conjecture est la vraie ; mais mon repos n’en a été que plus doux.

LAURENCE.

— Dieu pardonne au pécheur ! Étais-tu donc avec Rosaline ?

ROMÉO.

— Avec Rosaline ! Oh non, mon père spirituel : — j’ai oublié ce nom, et tous les maux attachés à ce nom.

LAURENCE.

— Voilà un bon fils… — Mais où as-tu été alors ?

ROMÉO.

— Je vais te le dire et t’épargner de nouvelles questions. — Je me suis trouvé à la même fête que mon ennemie : — tout à coup cette ennemie m’a blessé, — et je l’ai blessée à mon tour : notre guérison à tous deux — dépend de tes secours et de ton ministère sacré. — Tu le vois, saint homme, je n’ai pas de haine ; car — j’intercède pour mon adversaire comme pour moi.

LAURENCE.

— Parle clairement, mon cher fils, et explique-toi sans détour : — une confession équivoque n’obtient qu’une absolution équivoque.

ROMÉO.

— Apprends-le donc tout net, j’aime d’un amour profond — la fille charmante du riche Capulet. — Elle a fixé mon cœur comme j’ai fixé le sien ; — pour que notre union soit complète, il ne nous manque que d’être unis par toi — dans le saint mariage. Quand, où et comment — nous nous sommes vus, aimés et fiancés, — je te le