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ROMÉO ET JULIETTE.
— d’un mot je la lancerais à mon bien-aimé — qui me la renverrait d’un mot. — Mais ces vieilles gens, on les prendrait souvent pour des morts, à voir leur — inertie, leur lenteur, leur lourdeur et leur pâleur de plomb (85).
Entrent la nourrice et Pierre.
JULIETTE.

— Mon Dieu, la voici enfin… Ô nourrice de miel, quoi de nouveau ? — L’as-tu trouvé ?… Renvoie cet homme.

LA NOURRICE.

Pierre, restez à la porte.

Pierre sort.
JULIETTE.

— Eh bien, bonne, douce nourrice ?… Seigneur ! pourquoi as-tu cette mine abattue ? — Quand tes nouvelles seraient tristes, annonce-les-moi gaiement. — Si tes nouvelles sont bonnes, tu fais tort à leur douce musique — en me la jouant avec cet air aigre.

LA NOURRICE.

— Je suis épuisée ; laisse-moi respirer un peu. — Ah ! que mes os me font mal ! Quelle course j’ai faite !

JULIETTE.

— Je voudrais que tu eusses mes os, pourvu que j’eusse des nouvelles… — Allons, je t’en prie, parle ; bonne, bonne nourrice, parle.

LA NOURRICE.

Jésus ! quelle hâte ! Pouvez-vous pas attendre un peu ? — Voyez-vous pas que je suis hors d’haleine ?

JULIETTE.

— Comment peux-tu être hors d’haleine quand il te reste assez d’haleine — pour me dire que tu es hors d’haleine ? — L’excuse que tu donnes à tant de délais —