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ROMÉO ET JULIETTE.
un messager pour te la rapporter, — tant la contagion effrayait tout le monde.
LAURENCE.

— Malheureux événement ! Par notre confrérie, — ce n’était pas une lettre insignifiante, c’était un message — d’une haute importance, et ce retard — peut produire de grands malheurs. Frère Jean, va — me chercher un levier de fer, et apporte-le-moi sur-le-champ — dans ma cellule.

JEAN.

Frère, je vais te l’apporter.

Il sort.
LAURENCE.

— Maintenant il faut que je me rende seul au tombeau ; — dans trois heures la belle Juliette s’éveillera. — Elle me maudira, parce que Roméo — n’a pas été prévenu de ce qui est arrivé ; — mais je vais récrire à Mantoue, — et je la garderai dans ma cellule jusqu’à la venue de Roméo. — Pauvre cadavre vivant, enfermé dans le sépulcre d’un mort (130) !

Il sort.

SCÈNE XXIV.
[Vérone. Un cimetière au milieu duquel s’élève le tombeau des Capulets.]
Entre Pâris suivi de son page qui porte une torche et des fleurs.
PÂRIS.

— Page, donne-moi ta torche. Éloigne-toi et tiens-toi à l’écart… — Mais, non, éteins-la, car je ne veux pas être vu. — Va te coucher sous ces ifs là-bas, — en appliquant ton oreille contre la terre sonore ; — aucun pied ne pourra se poser sur le sol du cimetière, — tant de