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SCÈNE XXIV.
— Bientôt un homme avec une lumière est arrivé pour ouvrir la tombe ; — et, quelques instants après, mon maître a tiré l’épée contre lui ; — et c’est alors que j’ai couru appeler le guet.
LE PRINCE, jetant les yeux sur la lettre.

— Cette lettre confirme les paroles du moine… — Voilà tout le récit de leurs amours… Il a appris qu’elle était morte ; — aussitôt, écrit-il, il a acheté du poison — d’un pauvre apothicaire et sur-le-champ — s’est rendu dans ce caveau pour y mourir et reposer près de Juliette…

Regardant autour de lui.

— Où sont-ils, ces ennemis ? Capulet ! Montagne ! — Voyez par quel fléau le ciel châtie votre haine : — pour tuer vos joies il se sert de l’amour !… — Et moi, pour avoir fermé les yeux sur vos discordes, — j’ai perdu deux parents. Nous sommes tous punis (144).

CAPULET.

— Ô Montagne, mon frère, donne-moi la main.

Il serre la main de Montagne.

— Voici le douaire de ma fille ; je n’ai rien — à te demander de plus.

MONTAGUE.

Mais moi, j’ai à te donner plus encore. — Je veux dresser une statue de ta fille en or pur. — Tant que Vérone gardera son nom, — il n’existera pas de figure plus honorée — que celle de la loyale et fidèle Juliette (145).

CAPULET.

Je veux que Roméo soit auprès de sa femme dans la même splendeur : — pauvres victimes de nos inimitiés !

LE PRINCE.

— Cette matinée apporte avec elle une paix sinistre,