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NOTES.

Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies
A pris naissance sous des astres contraires un couple d’amoureux
Dont la mésaventure, catastrophe lamentable,
Causée par la lutte obstinée de leurs pères
Et par la rage fatale de leurs parents,
Va en deux heures être exposée sur notre scène.
Si vous daignez nous écouter patiemment,
Nous tâcherons de suppléer à notre insuffisance.

(36) Ce genre d’insulte, qu’on croit originaire d’Italie, s’était naturalisé en Angleterre au temps de Shakespeare. Dans une comédie de mœurs écrite en 1608, le poëte Decker nous présente les groupes turbulents qui fréquentaient la promenade de Saint-Paul se défiant de la même manière.

(37) Ceci est une indication moderne. Les anciens textes disent tout simplement : « Enter three or four citizens with clubs or partysans (entrent trois ou quatre citoyens avec des massues ou des pertuisannes). »

(38) Tout ce dialogue, depuis l’entrée de Benvolio jusqu’à l’apparition du prince, a été ajouté par le poëte, lorsqu’il a refait son drame. Originairement la lutte entre les partisans des deux maisons ennemies était une pantomime, indiquée ainsi par l’édition de 1597 : « Ils (les valets) dégaînent ; au milieu d’eux arrive Tybalt ; tous se battent. Alors entrent le prince, le vieux Montague et sa femme, le vieux Capulet et sa femme, et d’autres citoyens qui séparent les combattants. »

(39) Ce discours du prince a été considérablement amplifié. Le voici dans sa concision primitive :

« Sujets rebelles, ennemis de la paix — sous peine de torture, obéissez ! que vos mains sanglantes — jettent à terre ces épées trempées dans le mal ! — Trois querelles civiles nées d’une parole en l’air, — par ta faute, vieux Capulet, et par la tienne, Montague, ont trois fois troublé le repos de nos rues. — Si jamais vous troublez encore nos rues, — votre vie paiera la rançon de votre crime. — Que pour cette fois chacun se retire en paix. — Vous, Capulet, venez avec moi, — et vous, Montague, vous vous rendrez cette après-midi, — pour connaître notre décision ultérieure sur cette affaire, — au vieux château de Villafranca, siége ordinaire de notre justice. — Encore une fois, sous peine de mort, que chacun se retire. »