Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/81

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SCÈNE I.
[Alexandrie. Dans le palais de Cléopâtre.]
Entrent Démétrius et Philon.
PHILON.

— Non, mais cet enivrement de notre général — déborde la mesure. Ses yeux superbes, — qui sur les lignes et les bandes guerrières, — rayonnaient comme l’armure de Mars, abaissent désormais, détournent désormais — le feu et la dévotion de leurs regards — sur un front basané. Son cœur de capitaine, — qui dans les mêlées des grandes batailles faisait éclater — les boucles de sa cuirasse, a perdu toute sa trempe, — et est devenu un soufflet, un éventail — à rafraîchir les ardeurs d’une gipsy… Tenez, les voici qui viennent.

Fanfares. Entrent Antoine et Cléopâtre avec leur suite. Des eunuques agitent des éventails devant la reine.
PHILON, continuant.

— Faites bien attention, et vous verrez en lui — l’un des trois piliers du monde transformé — en bouffon d’une prostituée. Regardez et voyez.

CLÉOPÂTRE, à Antoine.

— Si c’est vraiment de l’amour, dis-moi combien il est grand.