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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

HORTENSIO, à Lucentio.

— Vous pouvez aller faire un tour et me laisser libre un moment ; — dans mes leçons, je n’ai pas de musique à trois parties.

LUCENTIO.

— Vous faites bien des cérémonies, messire !…

À part.

C’est bon, je vais rester — et me mettre à l’affût ; car, si je ne me trompe, — notre beau musicien devient amoureux.

HORTENSIO.

— Madame, avant que vous touchiez l’instrument — pour apprendre de moi le doigté, — je dois commencer par les rudiments de l’art. — Je veux vous enseigner la gamme par une méthode plus courte, — plus agréable, plus fructueuse et plus efficace — que la manière usitée par mes collègues ; — la voici, sur ce papier, indiquée en beaux caractères.

Il lui remet un papier.
BIANCA.

— Mais il y a longtemps que j’ai passé la gamme.

HORTENSIO.

— Lisez toujours la gamme d’Hortensio.

BIANCA.

Gamme. Ut. Je suis l’ensemble de tous les accords
A. ré. Unis pour déclarer la passion d’Hortensio.
B. mi. Bianca, acceptez-le pour époux,
C. fa. Lui qui vous aime en toute affection.
D. sol, ré. Pour une clé j’ai deux notes.
E. la, mi. Ayez pitié ou je meurs.

— Vous appelez ça une gamme ! Bah ! elle ne me plaît pas ; — j’aime mieux l’ancien système : je ne suis pas assez capricieuse — pour échanger les véritables règles contre des inventions fantasques.