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SCÈNE IV.

BAPTISTA.

Une vieille nouvelle ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

BIONDELLO.

Quoi ! n’est-ce pas une nouvelle que d’apprendre l’arrivée de Petruchio ?

BAPTISTA.

Est-ce qu’il est arrivé ?

BIONDELLO.

Eh ! non, monsieur !

BAPTISTA.

Que veux-tu dire, alors ?

BIONDELLO.

Il arrive.

BAPTISTA.

Quand sera-t-il ici ?

BIONDELLO.

Quand il sera où je suis et qu’il vous verra là.

TRANIO.

Mais voyons, parle ! ta vieille nouvelle !

BIONDELLO.

Eh bien, Petruchio arrive avec un chapeau neuf et un vieux justaucorps, de vieilles culottes trois fois retournées ; une paire de bottes ayant servi d’étui à chandelles, l’une bouclée, l’autre lacée ; une vieille épée rouillée tirée de l’arsenal de la ville, avec la poignée brisée, et sans fourreau ; les ferrets de ses deux aiguillettes rompus. Son cheval est affublé d’une vieille selle vermoulue dont les étriers sont dépareillés ; il est de plus atteint de la morve, avec le dos pelé comme celui d’un rat, affligé d’un lampas, infecté de farcin, criblé d’écorchures, accablé d’éparvins, marqué de jaunisse, couvert d’avives incurables, perdu de vertigos, rongé de mites ; l’échine rompue, les épaules disloquées ; tout à fait fourbu ; muni d’un mors auquel tient une seule guide, d’une têtière