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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.

LUCENTIO.

C’est moi qui suis Lucentio, — le fils véritable du véritable Vincentio, — et qui par mariage ai fait mienne ta fille, — tandis que des pantins supposés abusaient tes yeux.

GREMIO.

— Voilà un complot avéré pour nous tromper tous !

VINCENTIO.

— Où est ce damné coquin, ce Tranio qui a ainsi osé me braver en face ?

BAPTISTA, à Bianca.

— Ah çà, dites-moi, n’est-ce pas là mon Cambio ?

BIANCA.

— Cambio s’est métamorphosé en Lucentio.

LUCENTIO.

— C’est l’amour qui a opéré ces miracles. Mon amour pour Bianca — m’a fait changer de condition avec Tranio — qui a joué mon personnage dans la ville : — et enfin je suis heureusement arrivé — au havre désiré de ma félicité… — Ce que Tranio a fait, c’est moi qui l’y ai forcé ; — pardonnez-lui donc, mon cher père, à ma considération. —

VINCENTIO.

Je veux broyer le nez du drôle qui a voulu m’envoyer en prison.

BAPTISTA, à Lucentio.

Mais dites-moi, monsieur, auriez-vous épousé ma fille sans me demander mon consentement ?

VINCENTIO.

— Rassurez-vous, Baptista, nous vous satisferons, allez. — Mais je rentre pour me venger de ce gueux !

Il entre chez Lucentio.
BAPTISTA.

— Et moi, pour approfondir cette coquinerie !

Il suit Vincentio.