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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

LE ROI.

Oui vient ici ?

Entrent Lafeu, Bertrand et Paroles.
PREMIER SEIGNEUR.

— Mon bon Seigneur, c’est le comte de Roussillon, — le jeune Bertrand.

LE ROI, à Bertrand.

Jouvenceau, tu portes la mine de ton père ; — la nature libérale, plus zélée que pressée, — t’a soigneusement formé. Puisses-tu hériter — aussi des qualités morales de ton père ? Sois le bienvenu à Paris.

BERTRAND.

— Mes remercîments et mes hommages à Votre Majesté !

LE ROI.

— Ah ! si j’avais encore la même vigueur de santé — qu’au temps où ton père et moi-même nous fîmes en amis nos premières armes ! Il prit une large part — aux campagnes du temps, et il était — l’élève des plus braves ; il se soutint longtemps ; — mais enfin l’horrible vieillesse se saisit de nous — et épuisa notre activité. Cela me soulage — de parler de votre bon père. Dans sa jeunesse — il avait toute la verve que je puis observer — aujourd’hui dans nos jeunes seigneurs ; mais ceux-ci peuvent plaisanter à leur aise, — leurs railleries ignorées retomberont sur eux-mêmes de tout leur poids, — tant que leur frivolité ne sera pas couverte par une gloire égale à la sienne. — Courtisan achevé, il n’avait ni dédain ni amertume — dans son orgueil et dans son ironie ; ou s’il en avait, — ce n’était qu’après une provocation d’un de ses égaux. Son honneur — horloge de lui-même, lui indiquait la minute exacte — où il devait