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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

LE CLOWN.

Une bonne femme sur dix ! je purifie la chanson, au contraire ! Puisse le bon Dieu rationner ainsi le monde chaque année ! Pour ma part, je ne me plaindrais pas d’avoir la dîme des femmes, si j’étais le recteur. Une sur dix ! oui-dà, s’il pouvait seulement nous naître une bonne femme à l’apparition de chaque comète ou à chaque tremblement de terre, la loterie humaine serait bien améliorée ! Il serait plus facile à un homme de s’arracher le cœur que d’attraper une bonne femme.

LA COMTESSE.

Voulez-vous sortir, messire drôle, et faire ce que je vous commande ?

LE CLOWN.

Dieu veuille qu’un homme puisse obéir aux commandements d’une femme, sans faire le mal !… L’honnêteté chez moi a beau ne pas être puritaine, elle se refuse à mal faire ; elle porte le surplis de l’humilité sur la robe noire d’un cœur indépendant… Je pars, décidément : il s’agit de faire venir Hélène ici.

Le clown sort.
LA COMTESSE.

Eh bien, j’écoute.

L’INTENDANT.

Je sais, madame, que vous aimez profondément votre dame de compagnie.

LA COMTESSE.

Oui, ma foi : son père me l’a léguée ; et, à défaut d’autre recommandation, elle aurait par elle-même les titres les plus légitimes à tout l’amour que je lui porte. Je lui dois plus que je ne lui donne, et j’entends lui donner plus qu’elle ne demandera.

L’INTENDANT.

Madame, je me trouvais tout à l’heure beaucoup plus