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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

LAFEU.

Mets-la vite à profit ; car, pour être raisonnable, tu as un rude courant à remonter… Si jamais tu te vois garrotté dans ton écharpe et battu, tu sauras si tu dois tirer vanité de ton esclavage. J’ai envie de te connaître, ou plutôt de t’étudier davantage, afin de pouvoir dire, au besoin : « Voilà un homme que je sais par cœur ! »

PAROLES.

Monseigneur, vous me vexez d’une intolérable façon.

LAFEU.

Je voudrais que ce fût pour toi le tourment de l’enfer et que ma rigueur durât éternellement ; mais les forces m’ont quitté, et je te quitte de même, aussi vite que l’âge me le permet.

Il sort.
PAROLES.

Allons, tu as un fils qui me lavera de cet affront, immonde, vieux, sale, immonde vieillard… Allons, soyons patient ; nul moyen de réprimer ces grands ! Sur ma vie, je l’étrillerai si jamais je le rencontre dans un lieu favorable, fût-il quatre fois noble ! Je n’aurai pas plus de pitié de son âge que je n’en aurais de… Je l’étrillerai, si je le rencontre encore !

Rentre Lafeu.
LAFEU.

Faquin, votre seigneur et maître est marié, voilà une nouvelle pour vous : vous avez une nouvelle maîtresse.

PAROLES.

Je supplie décidément Votre Seigneurie de m’épargner ses outrages. Le comte est mon cher seigneur ; mais mon seul maître est celui que je sers là-haut.

LAFEU.

Qui ? Dieu ?