Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

DIANA.

Mon honneur est comme votre bague : — ma chasteté est le joyau de notre maison ; — mes ancêtres me l’ont léguée, — et ce serait pour moi le plus grand opprobre du monde — que de la perdre. Ainsi c’est votre propre prudence — qui me donne l’honneur pour champion — contre vos vaines attaques.

BERTRAND.

Eh bien, prends mon anneau. — À toi mon honneur, ma maison, ma vie même ! — Je me laisse commander par toi.

DIANA, prenant la bague que lui remet Bertrand.

— Quand viendra minuit, frappez à la fenêtre de ma chambre. — Je ferai en sorte que ma mère ne puisse entendre. — Mais je vous somme au nom de la loyauté, — dès que vous aurez conquis mon lit encore vierge, — de n’y rester qu’une heure et de ne pas me parler. — J’ai pour cela les raisons les plus puissantes ; et vous les connaîtrez, — lorsque cette bague vous sera restituée… — Cette nuit je mettrai à votre doigt — un autre anneau qui, dans la suite des temps, — devra attester à l’avenir notre union passée. — Adieu jusque-là. Ne manquez pas. Vous avez conquis — une épouse en moi, tout en m’ôtant l’espoir de l’être.

BERTRAND.

— C’est le ciel sur la terre que j’ai conquis, à tes genoux !

Il sort.
DIANA, seule.

— Puissiez-vous vivre assez pour en rendre grâces au ciel et à moi ! — Vous pourriez bien finir par là… — Ma mère m’avait dit la manière dont il me ferait la cour, — comme si elle avait été dans son cœur. Elle dit que tous les hommes — ont les mêmes serments. Il a juré de m’é-