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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

SCÈNE XIX.
[Florence. Chez la veuve.]
Entrent Hélène, la veuve et Diana.
HÉLÈNE.

— Afin de vous convaincre que je ne vous ai pas abusée, — un des plus grands princes du monde chrétien — sera ma caution : c’est devant son trône — que je dois m’agenouiller, avant d’accomplir mes projets. — Il fut un temps où je lui rendis un service signalé, — aussi cher que sa vie, un service pour lequel la gratitude — pénétrerait le cœur de pierre d’un Tartare — et en tirerait des actions de grâces. J’ai été dûment informée — que Son Altesse est à Marseille : pour nous rendre à cette place, — un convoi favorable s’offre à nous. Sachez — qu’on me croit morte. L’armée étant débandée, — mon mari retourne au château, et j’espère, le ciel aidant, — et avec la permission de mon seigneur le Roi, — que nous y serons avant notre hôte.

LA VEUVE.

Gentille madame, — vous n’avez jamais eu de servante dont le zèle — ait épousé avec plus d’empressement vos intérêts.

HÉLÈNE.

Ni vous de maîtresse, ou — plutôt d’amie dont les pensées travaillent plus activement — à récompenser votre dévouement. N’en doutez pas, le ciel — m’a suscitée pour doter votre fille, — comme il l’a destinée à m’assister — pour retrouver mon mari… Mais, oh ! que les hommes sont étranges ! — de pouvoir faire un usage si doux de ce qu’ils haïssent, — alors que la confiance lascive de leurs