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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
charmante Hélène, et maintenant oublions-la. Fais offrande de ton amour à la belle Madeleine. — Les consentements les plus importants sont obtenus, et nous resterons ici — pour voir clore ton veuvage par une seconde noce.
LAFEU.

— Approchez, mon fils, vous en qui le nom de ma maison — doit s’absorber. Donnez-moi quelque gage d’amour — dont les étincelles enflamment ma fille — et la fassent vite accourir.

Bertrand détache un anneau de son doigt et le lui remet.

Par ma vieille barbe, — et par tous ses poils, Hélène, qui est morte, — était une suave créature ; c’est un anneau comme celui-ci — qu’en lui disant adieu lorsqu’elle quittait de la cour, — je vis à son doigt.

BERTRAND.

Celui-ci n’a jamais été le sien.

LE ROI, prenant l’anneau.

Çà, laissez-moi le voir, je vous prie ; mon regard, — tandis que je parlais tout à l’heure, s’est maintes fois fixé sur lui… — Cet anneau était à moi ; et, quand je le donnai à Hélène, — je lui dis que, si jamais la fortune lui faisait — une nécessité de ma protection, cet anneau — la lui assurerait. Avez-vous eu donc la ruse de la priver — de sa plus puissante ressource ?

BERTRAND.

Mon gracieux souverain, — quoi qu’il vous plaise de croire, — cet anneau n’a jamais été le sien.

LA COMTESSE.

Mon fils, sur ma vie, — je le lui ai vu porter ; et elle y attachait autant de prix qu’à sa vie.

LAFEU.

Je suis sûr de le lui avoir vu porter.

BERTRAND.

— Vous vous trompez, monseigneur, elle ne l’a jamais