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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

DIANA.

Je ne vous le dirai jamais.

LE ROI.

— Emmenez-la !

DIANA.

Je fournirai caution, mon suzerain.

LE ROI.

— À présent je te crois une fille publique.

DIANA.

— Par Jupiter, si j’ai jamais connu un homme, c’est vous.

LE ROI, montrant Bertrand.

— Pourquoi donc l’as-tu accusé tout ce temps ?

DIANA.

— Parce qu’il est coupable, et n’est pas coupable. — Il sait que je ne suis pas vierge, et il le jurait ; — je jurerais que je suis vierge, et il ne le sait pas. — Grand roi, sur ma vie, je ne suis pas une prostituée ! — Ou je suis vierge, ou je suis la femme de ce vieillard.

Elle montre Lafeu.
LE ROI.

— Elle se joue de nos oreilles. En prison cette femme !

DIANA.

— Bonne mère, allez chercher ma caution.

La veuve sort.

Arrêtez, royal sire ; — j’envoie chercher le joaillier à qui appartient l’anneau : — il répondra pour moi… Quant à ce seigneur, — qui m’a abusée comme il le sait bien, — quoiqu’il n’ait jamais eu de tort envers moi, je l’absous. — Il sait bien qu’il a souillé mon lit, — et qu’alors il a fait un enfant à sa femme : — toute morte qu’elle est, elle sent son nourrisson tressaillir. — Or, voici mon énigme : celle qui est morte est vivante ! — Et maintenant voyez l’explication.