Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/323

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SCÈNE I.
[Un parc devant un château royal.]
Entrent le Roi, Biron, Longueville et Du Maine.
LE ROI.

Puisse la gloire, que tous poursuivent dans leur vie, — se fixer, à jamais vivante, sur nos tombes d’airain, — et nous prêter sa grâce dans la disgrâce de la mort ! — En dépit du Temps, ce cormoran qui dévore tout, — nous pouvons, par un effort de cette éphémère existence, conquérir — un honneur qui émoussera le tranchant acéré de sa faux — et nous fera hériter de l’éternité tout entière. — C’est pourquoi, braves conquérants ! (car vous êtes des conquérants, — vous qui faites la guerre à vos propres passions — et à l’immense armée des destins de ce monde,) — notre dernier édit restera en vigueur. — La Navarre sera la merveille du monde ; — notre cour sera une petite académie, — vouée, paisible et contemplative, à la vie de l’art. — Vous trois, Biron, Du Maine et Longueville, — vous avez juré de rester ici avec moi pendant trois ans, — comme mes compagnons d’étude et d’observer les statuts — enregistrés dans cette cédule !

Il montre un parchemin.

— Vos serments sont prononcés ; maintenant apposez