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SCÈNE III.
guerres. — En admettant (ce qui n’est pas) que le feu roi ou moi — ayons reçu cette somme, il reste encore à payer — cent mille autres écus ; c’est en garantie de cette dette — que nous détenons une partie de l’Aquitaine, — quelque inférieur que soit ce gage à la valeur représentée. — Si donc le roi votre père veut seulement nous rembourser — la moitié qui reste à solder, — nous renoncerons à nos droits sur l’Aquitaine, — et nous maintiendrons une alliance amicale avec Sa Majesté. — Mais il ne paraît guère que telle soit son intention, — car il réclame la restitution — de ces prétendus cent mille écus, au lieu de s’offrir, — par un payement de cent mille écus, — à racheter pour jamais ses droits sur l’Aquitaine. — Quant à nous, nous aurions mieux aimé céder cette province, — en recouvrant la somme prêtée par notre père, — que de garder l’Aquitaine mutilée comme elle l’est. — Chère princesse, si la demande de votre père n’était pas si éloignée — de tout compromis raisonnable, votre beauté aurait obtenu — des concessions, même peu raisonnables, de mon cœur, — et vous seriez retournée en France parfaitement satisfaite.
LA PRINCESSE.

— Vous faites trop d’injure au roi mon père, — trop d’injure à votre propre renommée, — en vous refusant ainsi à accuser réception — de ce qui a été si fidèlement payé.

LE ROI.

— Je proteste que je n’ai jamais ouï parler de ce payement ; — si vous pouvez le prouver, je suis prêt à restituer la somme — ou à céder l’Aquitaine.

LA PRINCESSE.

Nous vous prenons au mot. — Boyet, vous pouvez produire les quittances — données, pour cette somme, par les officiers spéciaux — de Charles, son père.