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SCÈNE VIII.
railleries ! — Je voudrais influencer sa vie si fatalement — qu’il fût pour moi un jouet, et que je fusse pour lui le destin.
LA PRINCESSE.

— Nul n’est aussi bien pris, quand il est pris, — que le sage devenu fou : sa folie, éclose en pleine sagesse, — a toute l’autorité de la sagesse et toutes les ressources de l’éducation ; elle a pour donner grâce à ses aberrations la grâce même de l’esprit.

ROSALINE.

— La sensuelle jeunesse est moins ardente en ses excès — que la gravité en révolte d’amour.

MARIA.

— La folie chez le fou n’est pas aussi saillante — que chez le sage qui s’affole ; — car alors elle applique toutes les facultés d’une intelligence — à rehausser par l’esprit l’éclat de la bêtise.

Entre Boyet.
LA PRINCESSE.

— Voici venir Boyet, la gaieté sur la face.

BOYET.

— Ah ! je suis poignardé de rires. Où est Son Altesse ?

LA PRINCESSE.

— Ta nouvelle, Boyet ?

BOYET, à la princesse.

Préparez-vous, madame, préparez-vous.

À ses femmes.

— Aux armes, donzelles, aux armes ! Une expédition est montée — contre votre repos. L’amour s’avance déguisé, — armé d’arguments. Vous allez être surprises. — Battez le rappel de vos esprits, levez-vous pour votre défense, — ou résignez-vous à cacher vos têtes comme des lâches en vous sauvant d’ici.